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Qu'appelle t-on savon de Marseille

                              

 

On entend bien souvent parler du Savon de Marseille , de la méthode Marseille, du savon cuit au chaudron....

Mais en quoi cela consiste-t-il et quelle est donc cette méthode?

Voici ces quelques lignes pour vous présenter cette traditionnelle méthode de fabrication de savon.

Car le savon cuit au chaudron, selon la méthode Marseillaise , c'est avant tout un véritable savoir-faire avec un procédé qui suit une série d’opérations immuables.

La fabrication se décompose en 7 phases ainsi détaillées: 

  1.    L’EMPATAGE 
 Qui consiste à préparer une émulsion avec de l’huile ( nous utilisons de l'huile d'olive et de l'huile de coco ) et plusieurs lessives jusqu’à la complète prise en masse de la préparation.

  2.    LE RELARGAGE
On ajoute de l’eau salée pour séparer le savon formé de la glycérine et de l’eau

  3.    L’EPINAGE 
Du nom du robinet de vidange : l’épine. On soutire ce mélange décanté du bon savon qui reste dans le chaudron

  4.    LA CUISSON 
Appelée aussi coction, une lessive fortement caustique est versée sur la masse savonneuse. Pendant plusieurs heures le mélange est porté à ébullition.

  5.    LAVAGES
A l’eau salée, toujours à chaud, pour débarrasser le savon des impuretés et de l’excès d’alcalinité.

  6.    LIQUIDATION
Etape la plus délicate qui consiste à ajouter de l’eau pour obtenir un mélange liquide garant d’une bonne décantation pendant quelques heures.

  7.    COULAGE
Dans des moules ou des mises, et après refroidissement, les pains de savons sont coupés.

 

 

La réaction de saponification est une réaction acide + base = sel + eau. Le savon est un sel des acides gras utilisés. Un corps gras se compose d’acide gras et de glycérine liés ensemble. La réaction de saponification est une réaction en deux temps. La lessive de soude est versée dans l’huile sous ébullition, cette lessive qui contient aussi de l’eau va hydrolyser le corps gras qui se scinde en acide gras et glycérine, la soude réagit sur l’acide gras pour donner un sel des acides gras : le savon ex : Oléate de sodium (acide oléique plus soude).

Notre savon est fabriqué suivant cette méthode dite de Marseille dans un chaudron en acier inoxydable, le choix des huiles est important car il confère au savon ses caractéristiques : texture, pouvoir moussant...

Les savons que nous proposons se présentent sous deux formes : 

-    Le savon brut ( comme au XVIIème siècle directement sorti des mises et coupé au fil en petits pains).
-   La savonnette : la base en est la même mais, ici, les pains sont mis en copeaux, ceux-ci sont alors séchés, parfumés, broyés et réamalgamés à l’aide d’une boudineuse ; les pains reformés sont frappés par une presse pour donner la forme définitive.

C’est dans le courant du XIXème siècle que le goût du public pour les savons parfumés a fait évoluer cette fabrication ; les savonnetteries anglaise, italienne et française (Paris) ont établi les bases de ces procédés.


Petite histoire sur le savon de Marseille :

(Source - Industrie des savons, le savon de Marseille – Patrick BOULANGER)  

Historique et évolution de la savonnerie de Marseille.

La connaissance du savon remonte à une haute antiquité puisqu’il est fait mention de cette matière dans deux livres de la Bible, le terme employé est borih qui se traduit par savon ou par alcali ; Théocrite parle de sâponion, Egine de sapôn, Pline dit que le sapo est une invention des gaulois qui s’en servaient pour rendre les cheveux blonds. On le fait de suif et de cendres, avec des cendres de hêtre et du suif de chèvre. Le mot sapôn des Grecs est d’origine celtique, la Gaule méridionale, habitée par les Massaliotes et la cité de Marseille vont être à l’origine du développement du savon en Europe.

Dans l’Italie ancienne la preuve a été acquise de deux fabriques de savon à Pompéi. Cette ville de Campagne fut recouverte en 79 par les cendres du Vésuve, six cuves de pierre servaient à fabriquer les lessives, un fourneau, des outils avec des restes de savon témoignent de l’importance qu’apportaient les Romains à leur hygiène.

Ce sont les Arabes qui au VIIIème siècle ajoutèrent de la Chaux aux cendres lessivées ce qui les rendit plus caustiques et détermina la fabrication de véritables savons au lieu de simples émulsions savonneuses. Toujours à cette époque, les graisses animales furent peu à peu remplacées par l’huile d’olive. On peut dire qu’à partir de cette époque apparait le véritable savon. Au XIIème siècle, le retour des croisades exerce une heureuse influence sur la vie domestique en Europe. Revenus d’Orient, les croisés avaient propagé l’emploi du linge blanc et le désir de propreté, vertu qui avait manqué jusque là aux populations du Moyen Age, même chez les riches seigneurs. C’est ainsi que le savon, objet de pure curiosité, entra dans les usages de la toilette.

Toujours à l’époque, Marseille compta deux rivales en Italie : Venise et Savone ; Savone éclipsa bientôt toutes les autres villes : Gênes, Marseille, Alicante, Malaga. La république de Gênes, par jalousie, fit obstruer le port de Savone pour en paralyser son commerce ; cela ne réussira pas aux Génois car les pays installèrent des droits de douane pour protéger leurs propres savonneries. Les grands pays comme la France ou l’Espagne purent maintenir les leurs grâce à leur vaste marché intérieur.

Marseille, petit à petit, prit de l’importance et domina les marchés. Au XVIIème siècle, la cité phocéenne est en position de monopole, le procédé dit à la grande chaudière y est découvert et mis en pratique. Il n’a pas changé. Mais, Colbert, dans le but, croit-il, de rapprocher la savonnerie des lieux de production de l’huile d’olive et à condition de n’employer que la main d ‘œuvre et des matières premières françaises accorde par décret au seul sieur Rigat d’implanter la savonnerie française à Toulon. Ce privilège est cassé par un arrêté du 10 octobre 1669.

Les ouvriers de M. Rigat quittent Toulon et s’établissent à Marseille.

La savonnerie se développe mais les fraudes aussi ; le roi fit de nombreuses ordonnances pour réglementer : seul el savon à l’huile d’olive était autorisé la marque du fabricant fut adoptée, dans d’autres régions les autres savonneries firent des savons avec d’autres huiles. La révolution de 1789 fit disparaître tous ces règlements. Les lavandières se plaignaient de la mauvaise qualité du savon qui contient surtout de l’eau salée.

Bien plus tard, le 18 septembre 1811, Napoléon, comme Louis XIV, impose aux fabricants de marquer en toutes lettres et en gros caractères les huiles utilisées ainsi que le nom du fabricant ; en 1812, une marque, un pentagone, avec : huile d’olive, et le fabricant à Marseille est adopté par décret.
 
A la fin du règne de Louis XVI, le chimiste LEBLANC avait mis au point la soude artificielle. Cette découverte va bouleverser la savonnerie, il sera facile de trouver de la soude pour faire des savons durs. Celui à l’huile d’olive est trop dur, il nécessite l’apport d’autres huiles.

De grandes savonneries modernes se créent partout en France qui adoptent les découvertes de Braconnat, Gay-Lussac, Chevreul, sur l’acide oléique séparé du suif qui est une immense source de matière première.

Paris fabrique des savonnettes de luxe, Marseille réagit, modernise la chauffe de ses vastes chaudrons et adapte sa fabrication avec d’autres huiles qui arrivent directement à son port.

Le véritable savon de Marseille a souvent été imité, jamais égalé, il est toujours à base d’huile d’olive.